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«Art was art because it was not nature» (Goethe) (1 )

«Art was art because it was not nature» (1 ) 

(Goethe)

 

 

 

Les années m’ont appris à célébrer la vie. Je connais la précieuse vie avec ses paradoxes, jusqu’aux fonds de ses draps.

Fin de parcours où les feuilles ne bruissent plus.

Pour les animaux comme pour les hommes, un jour céleste vient de se le ver et le roi meurt dans la lumière naissante.

Sous ses paupières un rayon de soleil, encore. Depuis mille ans, au tamis de leurs angoisses les hommes appellent leur mère. Les bêtes aussi.

 

Parti pour le merveilleux voyage du temps qui se pagine comme un mal violé, pioché dans la glaise vivante des souvenirs, j’ai glissé le CD. De «Out of Africa », une brèche où je m’infiltre avec délices pour revenir au monde de mon enfance.

Je ne laisserai pas se dissiper les images du fin fond de mes belles années.

 

Pareil à ces livres pris en route que l’on ouvre délicatement, de tout mon être j’essaie d'aller vers la douceur de l'ange qui a inspiré cette musique, de me laisser posséder tout entier, offert pour frôler ces instantanés d'une innocence naguère ensoleillée par les rires des noirs de la maison de mes parents.

 

Par étonnement ou par amertume, un partage de nature entre joies et velléités de joies, je marine dans ma lagune, vissé, vanné, voûté devant mon écran d’ordinateur. Réplique du marchand d’épices du siècle dernier, imprégné d’une journée alourdie de parfums, juste avant de fermer boutique.

 

Vaincu par la maladie, arraché à ma terre de naissance, il me faut donner un sens à cette heure de mon existence : extirper de mon corps d’homme les mugissements d'une chair prête à pourrir, me détourner de toutes ces visions fangeuses, envahi d'ordures inertes, parce que je crève du malaise de charrier une montagne de déjections.

 

Ne garder que ce qu’il y eut de plus inestimable en moi, qui sera un jour ou une nuit le mystérieux véhicule qui m'acheminera.

La nuit venue, j’emballe mon corps dans une autre vie où les effluves des lions me protègent des attaques des hyènes.

 

Comme la cithare aux cordes lacérées, qui veut encore vibrer sous les doigts du jeune poète, moi, qui n’ai certes pas fait de ma vie une œuvre d'art, parce que c'était juste la nature qui s'accomplissait, ou bien mes sens qui disaient « va plus loin ,va te fondre dans le monde auquel tu appartiens ».

 

Le mal me procurait un tel bien-être. J'en découvrais toutes les voluptés. Two-times tempo : Partir en se laissant se laisser regarder comme un ruminant frivole joyeux, corrompu, réaliste dans sa paresse de se savoir porté dans sa folle poursuite du bonheur, Venaison perdue dans les bas-fonds de la City, lost and found (objets trouvés) intermittent de la rage de vivre jusqu’à la fin des temps.

 

je n‘ai plus peur d’être jugé : la punition est une invention humaine.

 

 

 

 



25/05/2020
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