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Premier Avril... Vendredi saint.... Le temps s’est cassé. (Dernière partie)

 

 

 

 

PHILIPPE SII BEAU g

 

 


Je passe cette nuit dans le grand salon tout près de ta chambre, enroulée dans une couverture sur le sofa parce que cette nuit, je ne veux pas être loin de toi. J’ai laissé toutes les lampes allumées, je suis une proie a l ‘affût des bruits que j’inventerais s’ils n’existaient pas.
J’ai peur de tout, des ombres qui ne bougent pas, des murs, de savoir, de me sentir au centre d’une maison qui gémit des plaintes confuses que je n’entends pas mais qui sont dans l air de la nuit, de l‘horreur qui approche  à laquelle je ne peux tordre le cou , dans cette marge dont la vie s’enfuit.

Il ne faut pas que je ferme les yeux, je ne veux pas entrer dans le silence qui ne bouge pas.


De l‘autre coté de la cloison mon enfant vit le calvaire de l ‘angoisse et la fuite sans bruit..
Seule la vie se transmet.
J’écris une lettre que je porte au plus haut des cieux.
Le premier rayon de lumière naturelle me rend à la vie; je salue le ciel bleu.
Immobile, reconnaissante, libérée de cette angoisse qui, de toutes façons renaîtra ce soir.
Je prends soin de ta toilette, entre tes somnolences .

Conversion du temps,trajet à rebours, IL a balisé notre vie, la tienne, la mienne, celle de Tous. Voici le jour où nous tissons le canevas sublime d’un art de l’instant.
Comme le paysan africain qui sculpte son masque; quand le processus a pris fin, il y a une oeuvre. L’art est mort,il s’est consumé,après s’être activé. Le masque a pris vie pour devenir une oeuvre sacrée et non une oeuvre d’art. Nous saisissons-nous de cette oeuvre?
Elle est figée.

 

Loin de tout,sur ce promontoire, si près de prendre Dieu à témoin, je provoque un face à face entre lumière et obscurité .
Je sens qu’une aide particulière m’est accordée. Je prends ta main doucement ton visage se détend. Tu rejettes tous les aliments, mais je m‘acharne à susciter ton appétit, il faut que tu manges. Dans ma rage de te faire vivre, je pense viande rouge, fruits, fromages, comme si je soignais un sous alimenté revenant de la guerre.
Depuis hier, les courantes qui te vident se sont espacées. Je fais ta toilette,tu es fatigué dès le réveil.
Nous regardons des photos de toi que je ne connais pas.
Tu poses, tu fais le clown, quand dans une salle de gym à Manhattan, ta voisine qui s’appelle Frederika von Stadt te demande ce que tu fais, tu réponds :
et vous?
Je crie de rire …
Bien sur, elle reste sans voix.
Tu es heureux.
Tu as eu le don de provoquer le genre féminin dès que tu as su parler.
Je te rappelle avec quelle impertinence à trois ans, tu avais riposté à une réprimande: Et tu crois que tu m’impressionnes avec ta frange?
C’est reparti sur M……
La maternelle du quartier de la marine, plutôt que l’école des soeurs. Tu reviens avec un début de maladie infectieuse aux yeux. Mais je trouvais logique que mon fils apprenne à parler arabe.


Le téléphone sonne dans ta chambre.
Très lentement le jour décline, je traverse la pièce pour allumer les lampes.
Un tressaillement, une grimace,
Papa, tu ne m’as rien appris. Cette meurtrissure, cet écrasement, cet inacceptable, j‘appelle au secours.
Aussi longtemps que savoir et sentir ne seront pas confondus dans le même état, dans la même membrane, la foi n ‘aura eu pour moi qu ‘un sens vocal , un son sitôt lâché, sitôt oublié.

J’ai ouvert la porte de ta chambre, je viens de glisser le long du mur jusqu’à terre.

La foudre vient de décomposer une petite enveloppe de chair et de grâces.

 



08/08/2020
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