Dante ! Connais tu le pays où la nuit verdit comme une éclaircie ?

Tableau de Luce Caggini (NYC 1990)

Impromptu s'est glissé dans ma nuit.

Vertige muré dans un mausolée de marbre

Vestige échappé de mes Lamentations.

Je me retrouvai stupéfaite au milieu d’une clairière où mon arrivée ne fut remarquée par personne, où je ne reconnaissais personne .

Ce n’est plus une question d’écriture.

L’écrire c’est livrer mon jardin ensoleillé aux vents, aux poussières de l’asphalte du coin de la Rue Commandant Compagnon et de la Rue Général Ferradou juste en face du stade Gay, à trois pas de la Place Fontanelle, lieu mythique pour la petite rieuse ébouriffée .

Poursuivre c’est se retrouver par inadvertance sur l’une de ces voies dont la ligne droite s’est tirée vous plantant là , étourdie , au milieu d’une éclaircie, face à quelques uns.

Un est devant moi

– Comment êtes-vous arrivée là ?

– Je ne sais pas.

– Et les autres ?

– Ils ne savent pas non plus.

– Par où puis-je repartir ?

– Nous sommes comme vous, nous ne savons pas…

Fallait-il crier, se réveiller, ou partager cette trouée avec cette assemblée de muets réunis là par passion ou hasard ?… je ne sais pas ... Tous vivant, tous debout et la forêt autour d’eux .

Une forêt droite, sans frémissement, sans orage en vue.

Brèche inondée d’un autre soleil, ils sont dans une enceinte suspendue à un silence figé .

Je ne saurai jamais y retourner.

Retrouve-t-on un îlot dans un océan ?

Quand a-t-il perdu son nom ?

24/08/2020