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Ma mère venait de quitter ce monde.

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Son âge m 'avait surprise, son départ m'avait désorientée , ce qui mit à jour un round-trip .

D'où elle était, où elle allait, où je partais, à cette heure où en était-elle? Un non-stop en larmes, en été, en rase-motte, à moitié nue emplumée d’une nuée d’oiseaux du mal­heur .

 

Alors que je croyais garder une mère pour la vie,

je franchissais un incendie qui me faisait passer dans la souffrance et l 'effroi de la terre à la terre.

 

Bien sur je savais où était née ma mère. En pariant sur le motif du croissant inféodé à la croix, je ne me trom­pais pas beaucoup. Dans ce naguère em­brassé des rues d'une ville de la côte médi­terranéenne, même le nom de ses habi­tants résonnaient à peu de choses prés sur un re­gistre idéalement construit dans le même moule pour les mêmes religions .

 

Avec le départ de ma mère ma petite enfance s'estompait entre synagogues, débris de yiddish, d'arabe, d'espagnol, de tournures de phrases qu'aucun précis grammatical n'avait ja­mais repérées .

 

Nous passions sur le champ des rires aux larmes avec la même intensité .

Ma mère et moi avions un lien singulier . Un hiatus constant dont ni elle ni moi n'avions pris le temps de par­ler comme si un courant d'air avait soufflé du paradis avec le parti de laisser une empreinte invi­sible indélébile sur nos cœurs .

 

Exilées nous étions, exilées nous sommes restées l'une de l'autre, plan­tées là, nous ac­commodant du reste.

.

Mon père était décédé dans ma jeu­nesse .

On l'avait raccompagné dans son île natale et nous avions trouvé ça accep­table, revenir au lieu de sa naissance, même par procura­tion, ça se fait.

 

Usée, vaincue par les émotions, mon ennemi fut la solitude avec ma vieillesse en mi­roir.

Pendant un moment j’ai été in­quiète .

C’est quand mon corps s'est senti alourdi prêt à se laisser abandonner que j'ai saisi l'opportunité providentielle d'une tonalité de saltimbanque avec l'ardeur de tous les rêves. Je me métamorphosais. Ça s’agitait dans chacun de mes gènes, dans le son de ma voix que j’éprouvais pour être à tour de rôle aimable har­gneuse directive sèche ou totalement neutre.

 

 

Toutes ces facettes pouvaient me convenir m’assaillir ;elles me contenaient au­tant que je les gouvernais. Agitée,inondée, piratée par le mot métamorphose, je redécouvrais ce corps ; il n'était pas celui de ma chair. Mon corps me conseillait le meilleur, ma

chair en faisait les frais.

Dans le même temps ma raison n’était ni du côté de mon corps ni du côté de ma chair. Un autre corps d’une matière exilée secrète invisible, douloureuse aussi avait son mot à dire. Étant intransigeante avec l’unité de ma nature il faisait de méta­morphose une petite réalité honorant une initiative comparable à un point d’orgue. .



09/03/2020
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