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Murmure de mon Chaman de fils

 

 

 

 

Mon  beau Philippe

 

 

 

Tu es déjà installé à New York, nous sommes à Paris.

Toi dans tes affaires, moi dans mes expositions

Je peins

Tu excelles dans le marivaudages

 

 

Le temps se joue de nous avec des instruments qu’il construit et délite. 

Ce pont inutile virtuel de mots c’est comme la vie et ce n’est pas la vie. Nos rendez-vous n‘ont ni la platitude des cartes ni des calandriers .

 

 

 

Cette nuit du quatre mai, un pan de mon hu­manité se volatilise .

Je franchis un mur . Tu laisses sur mon chemin les oripeaux de ton trajet doulou­reux.

Ton beau visage s’est vidé de  souffrance et de  pesanteur .

À l ‘orée d’une messe murmurée par l’adagio de Khatchatourian, le monde des apparences s'efface très doucement ........Uranus se prend pour la terre .

 

Je sais que tu entends… encore…

 

Toi dans ton interrup­tion, moi murée dans le marasme.

 Je prends ta main , je te supplie en pensée de me dire que tu es là . Par trois fois, je sens la pression de tes doigts.

Je chavire dans une abyssale flambée d ‘ amour.

 

Ma vieille mère toute petite, assise dans le coin de cette chambre d’hôpital est un mur de silence monumental.

Nous sommes trois  en suspension.

 

Que j 'échappe à ma condition , inconsciente de ce cataclysme de cette embardée minérale .

La douleur est ardente, dans mon ventre éclaté.

J ‘ai épuisé ma vieillesse en une nuit, pour le restant de mes jours.

 

Rien n’est plus sourd qu’un cri de détresse

Il était une fois un divin mur de silence.

 

 Un jour la douleur va s’arrêter .



28/05/2020
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